31/03/2016

Citadelles 2016

7 ans de réflexion. C'est le temps qu'il m'aura fallu pour retenter la version longue du trail des Citadelles après une première tentative dantesque en 2009 à revivre ici .

les piliers de bars le samedi
 Je me sens prêt tout en étant soucieux face au challenge à relever.
pas réveillé le gars?
6 heures moins poil Michel nous fait partir, 1 petit salut au passage et c'est parti pour la balade...


Le rythme me parait convenable, le terrain est forcément mouillé avec la pluie de la nuit mais rien d'exceptionnel.
Pas d'efforts inutiles sur les premières pentes, en s'appliquant à bien pousser sur les bâtons.
Et oui mon grand tu tournes à gauche sur les crêtes de Madoual. Le cheminement vers le col du Figuier est toujours aussi agréable et joueur. Le fait de le faire de nuit me permet de l'apprécier différemment  des nombreux passages faits de jour.
C'est beau aussi avec la neige!
La pluie cesse et le jour se lève. la journée s'annonce belle.

Le début de piste vers Durenat est toujours aussi gras et casse-gueule mais cela passe bien. Arrive une première partie "surprise du chef" qui nous propose avantageusement un petit sentier joueur à la place d'un bout de piste. 1 petit coucou en passant à Stéphanie placée pour nous diriger vers la deuxième partie secrète qui nous amènera  par un sentier grandement fait maison jusqu'à Bélesta.

La soupe de Bélesta m'appelle

Ravitaillement atteint en 2h28. Pfuttt j'avais prévu 2h30 au mieux... 1 bol de soupe plus les niveaux des bidons. Grignoter 3 ou 4 trucs et c'est reparti.

Ah çà pour faire le malin...
La montée à Barjac se passe bien. la pente se durcit en direction de la croix de Millet. Arrivé au croisement je connais à gauche et en face mais à droite je ne suis pas sûr d'être passé par là. On a le droit à un petit passage bien technique (mélange de cailloux plus ou moins pointus mais mouillés.)
Cela ne dure pas trop et on retrouve la descente bien grasse vers Bicharole.
Passage devant la source de Fontestorbes et hop une nouvelle grimpette avant de rejoindre un bout de piste ou l'on rejoint un groupe de spéléos parti pour visiter le monde souterrain. Jusque là tout va bien.
Dès que l'on quitte la piste pour un sentier en sous bois, j'ai les 2 cuisses qui "tirent" un peu la gueule. Tiens intéressant: les 2 en même temps c'est une première...
Pas d’inquiétude le ravitaillement de Fougax n'est pas loin, mais je réduit quand même l'allure par précaution.

Fougax atteint en 4h47. 1h23 d'avance sur la barrière. Je prends le temps de m'alimenter (trop? mal? trop vite?) de refaire les niveaux.
Je sais que le juge de paix m'attend avec la montée vers Serre-longue et le prolongement jusqu'au château de Montségur. Donc du calme sur tout la partie "plane" avec une pointe d’inquiétude et d'appréhension.
Explosion dans 5 minutes
Dès que la pente s'élève c'est la GROSSE KATASTROF: je suis planté complet dans la pente. Pas d’énergie, les cuisses en bois ET le bide qui fait des siennes. Carton plein mais vous ne pouvez pas démarquer.

C'est parti pour une grosse galère, je vais me trainer  péniblement en voyant passer un bus complet de coureurs dont l'ami Jean louis. Je fais même deux pauses affalé sur mes bâtons. Je suis dépité. La cabane tomberait elle sur le grumlie?

Arrivé au col du tremblement ce n'est plus la foule. Je traine ma misère dans la montée. Je croise Jean louis en forme et Stéphanie qui m'encouragent. Dix mètres plus loin les sanglots arrivent. La tête est vraiment au fond du seau, je traine ma misère.
Tant bien que mal j'arrive en approche de la Citadelle. 2heures pour faire Fougax/Montségur: record de médiocrité pulvérisé.

Au comptoir de Montségur
Et là une voix familière m'accueille: Michel, un des organisateurs du GRP m'encourage. je lui fait un rapide topo de la situation et il a les mots justes: tu as de la marge sur les barrières, tu as de l'expérience, tu n'es pas blessé, tu finiras!
Voilà ce qui me remet enfin la tête sur les épaules.
J'appréhende quand même la descente, mais bonne nouvelle l'estomac est ok. Bon pour les cuisses, ce n'est toujours pas çà.

Je prends quand même du plaisir en descendant vers Montferrier.

Bip 7h39 depuis le départ et encore une heure d'avance sur la barrière! Il me reste 24 kilomètres et j'ai 6h20 pour les parcourir.
Au ravito je trouve Steve qui a jeté l'éponge. Déçu pour lui. On discute un peu le temps que je fasse mon rituel habituel.

A l'attaque du chemin pavé il fait chaud et je décide d'enlever une couche. Ah un peu d'air qui fait du bien. Et pour la première fois depuis Fougax, je rattrape des coureurs. Je prends du plaisir à "dévaler" la descente.
Le rythme n'est quand même pas violent violent car les cuisses couinent toujours.
Pour les préserver je m'oblige à alterner marche et course sur la partie "les sapins/Nalzen".
Dès qu'une image négative tente une infiltration sournoise pour me déstabiliser je pense aux copains qui ne peuvent pas courir en ce moment.

J'ai un gros fou rire en voyant la banderole "spéciale dédicace":

Excellent

Bon la remontée jusqu'au village de Roquefixade sera à nouveau bien poussive avec un début de crampe au niveaux des épaules et du cou...
Une pause s'impose sur le banc face à la fontaine.
Sur la piste avant la falaise je profite à nouveaux des encouragements de Stéphanie. Ce n'est pas de l'assistance mais cela m'aura fait énormément de bien.

1 touriste
La montée jusqu'à la crête sera particulièrement laborieuse et leeeeeeeennnnnnntttttttteeeeee! Mais dans la tête tout va bien. Je gère la misère quoi!


Descente en solitaire sur un rythme convenable en appréciant les 2 ou 3 passages bien gras et le petit détour sous les cascades.

10h30 depuis le départ et me voici à Roquefort pour le dernier gros ravito. Bien boire, manger un bout, refaire les niveaux et feu.
Là je commence à être pressé de rentrer. Je tiens quand même un rythme à peu près convenable sur toute la partie plane. Depuis Roquefixade je n'ai vu personne et à l'approche des gorges de Péreille je vois (enfin) du monde devant.
Cela marque le début du pétage de boulon: j'ai mal mais je m'en fous. Banzaï Je lâche les poneys. La montée de Péreille se passe bien, hop hop on relance jusqu'à Raissac.
Pointage, 1 verre d'eau et go.
Bon la montée du mur ne sera pas bien rapide mais sans coup de mou avec 3 points de mire dont je me rapproche petit à petit.
Et arrivé sur la crête, comme il y a 2 ans sur le 40 c'est l'heure de la régalade. Je cours partout et je double 1 puis 2 puis 3 puis....
Dès que je vois la croix j'exulte intérieurement et je pousse une bonne gueulante de délivrance.


Hop le début de la descente à bloc, et arrivé avant la dernière épingle je vois un bon groupe d'amis sur l'esplanade et je pousse à nouveau un cri libérateur rempli d'émotions.


Quelle allure!
Arrivé sur l'esplanade, arrêt obligatoire pour remercier comme il se doit Stéphanie avant d'enfin franchir la ligne.

Soulagement/ émotion

1 grumlie soulagé
C'est bon, j'ai les 3 étoiles différentes des Citadelles mais que cela fut compliqué. La saveur en est d'autant plus appréciable quand le long fleuve n'est pas tranquille!

la camiseta en la furgoneta!
Merci les amis pour ce bon moment, tous les encouragements et les photos. Et un grand merci à Michel et toute son équipe pour cette organisation au top.

8 commentaires:

  1. Il fallait bien y arriver un jour. Je dis ça, mais je sais que ce genre de plaisanterie n'est jamais gagnée d'avance.
    Un grand bravo, tu as su te remotiver et trouver les forces pour voir la ligne d'arrivée.

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  2. C'est si joliment raconté. On croit que tu en a chié mais en fait, t'as pros ton pied :-).
    Bravo Romain, pour ta course et pour ton récit bien raconté.

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  3. C'est si joliment raconté. On croit que tu en a chié mais en fait, t'as pros ton pied :-).
    Bravo Romain, pour ta course et pour ton récit bien raconté.

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  4. Vu ton palmarès par ailleurs, nous te savions tous capable d'aller au bout de ce 70 des Citadelles. Tu auras su ménager le suspens, mais voilà chose faite, dans la douleur peut être ,mais celle-ci sera vite oubliée pour ne garder que le bon, le beau, ce qui te permettra d'aller encore plus loin, ou plus haut...

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  5. Bravo romain , gérer une course quand tout se passe bien , c'est dur , mais reussir à gérer une course qui demarre en cauchemar; ce n'est pas donné à n'importe qui !!! En tout cas , ton récit donne vraiment envie ;-)

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  6. BRAVO Romain ! Tu as eu le mental que je n'ai pas eu.
    Du grand Romain !
    A bientôt sur des sentiers plus secs !

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  7. C'est dur mais on aime, bravo pour pour ton mental, ta course et bien sur ce récit.
    Thierry

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  8. Ah depuis le temps que l'on n'avait pas lu ta prose...Je commençais à ressentir le manque et commençais à m'inquiéter. Mais non Romain est toujours au départ, toujours en verve et encore à l'arrivée. ..Continue, repart, galère de nouveau mais pas trop et écrit nous une nouvelle page aventuratraillesque avec tout l'humour et la dérision qui nous réjouissent. ...Bon je sais...facile à dire...Un immense bravo d'être allé audela du....bon j'arrête là. .j'en ai la larme à l'oeil de ne plus être en capacité de vivre ces moments...Mais je n'oublie pas que l'euphorie du finish ne se gagne pas sans douleur/ abnégation /volonté /rage/solitude même s'il y a du monde /doute.....Bravo bravo bravo. Francis C.

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